Lumière 25
- Et si c’était cet Adam... ?
Junai se figea. Le silence se fit dans la pièce, puis Raël se tourna vers Enosh.
- C’est en effet sur lui que se portent les soupçons des Archanges.
Le cœur de la jeune fille manqua un battement.
- Et ils ne nous en parlent pas ?, s’étonna Enosh.
- Ils ne veulent pas orienter nos recherches. Ils souhaitent que nous parvenions seuls à nos propres conclusions.
- C’est vrai qu’ils devaient se douter qu’on en arriverait à penser à lui… T'en penses quoi, Jun ?
L'interpelée sursauta presque.
- Tu dis rien depuis tout à l'heure.
- Et bien... J'y avais pensé aussi, oui... Mais cinquante-six personnes à lui tout seul ?
- S’il y a bien une personne capable de faire ce genre de choses, c’est lui. Le Prince des Vampires peut ordonner qu’on chasse ses proies à sa place, et même si ce n’était pas le cas, il pourrait bien charmer la ville entière à sa guise. Pour preuve, il attiré l’une d’entre nous.
Junai planta son regard sur les paupières closes de son frère.
- J’étais mortelle, marmonna-t-elle en appuyant sur le dernier mot.
- Mais dans les quartiers de la Lumière.
- Et alors ? Tu dis toi-même qu’Adam est le Prince des Vampires. Qu’est-ce que je peux y faire s’il est trop puissant ?
- Je veux bien croire à sa puissance, mais de là à briser le pouvoir protecteur de trois Archanges…
La brunette fronça les sourcils et siffla :
- Parle clairement, mon frère.
- Tu veux t’y risquer ? Vous n’aimez pas que je dise la vérité.
- Parce que tous tes mots reflètent la réalité ?
- Je suis le seul de nous à voir les choses telles qu’elles sont.
- Comment ça ?
- Tu es tombée amoureuse de ce Vampire.
Junai eût l’impression d’encaisser un coup de poing. Et comme elle restait silencieuse, Enosh se chargea de protester à sa place.
- Raël ! Qu’est-ce qui te prends ? Qu’est-ce qui te fait dire une chose pareille ? Comment Junai pourrait aimer un Vampire ?
- C’est pourtant le cas.
Le Gardien aux cheveux immaculés eût un léger sourire, teinté d’ironie.
- Mais vous n’aimez pas que je dise la vérité.
Enosh ouvrit et ferma plusieurs fois la bouche, n’arrivant pas à formuler une parole. Puis il se tourna vers sa sœur.
- Junai… C’est vrai ce qu’il dit ?
Le souffle de la jeune fille était court. Elle serra les dents.
- C’est une conséquence. C’est tout.
- Une conséquence ?… Une conséquence de quoi ?
- Son charme. Son pouvoir. Enfin, je sais pas, moi !
- Admets-le, Junai, reprit Raël.
- Admettre quoi ?! Tu ne dis pas la vérité ! Tu interprètes les faits pour faire douter les gens !
- Non.
- Tu ne portes pas la bonne parole ! Tu n’es pas mieux que nous !
- Je n’ai jamais prétendu cela. Je ne fais que dire la vérité. Libre à toi de ne pas l’accepter. C’est toi qui m’a demandé de parler clairement.
Junai tapa du poing sur la table.
- Adam n’est rien pour moi.
Sur ces mots, elle ferma son livre d’un coup sec, se leva et traversa la bibliothèque à grands pas.
- Raël, tu étais sérieux ?
L’intéressé tourna tranquillement la page du rapport qu’il parcourait.
- Elle doute. Je ne sais pas si elle aime vraiment Adam, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle doute. Et quelqu’un doit la mettre face à ça.